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samedi 23 février à 15h15 SIDE IN/SIDE OUT
mise en scène Annika Weber
texte et corps Tom Nanty
durée 45 min
dossier artistique sur le site ou sur demande
Teatro : Comment le projet Side in/side Out est né ?
Annika : L’année dernière, Tom a fait un voyage dans les quartiers de Montréal au Québec, et il est devenu évident pour lui que les situations politiques et sociales de toutes les grandes villes ont quelque chose en commun. A son retour en banlieue parisienne il a fixé ses réflexions sous forme de récit sémi-autobiographique. Son texte a été retenu pour être présenté dans une version courte à la 7ème édition du Festival international du théâtre anarchiste de Montréal en mai 2012. Nous nous connaissons depuis longtemps, et quand Tom m’a demandé de le mettre en scène, je me suis sentie interpellée par son propos engagé et son écriture très personnelle. J’ai immédiatement su que c’est aussi son corps qui porte en lui le potentiel à la fois intime et universel contenu dans son texte. Dans ce champ de tension entre le concret du corps et l’éphémère du mot, j’ai aussi eu envie de traiter la ‘parole engagée’ comme un registre, un objet à examiner, et de le décaler pour mieux l’apercevoir. L’actualité de nos recherches nous a donné le désir de creuser et d’aller plus loin, ce que nous faisons au squat artistique et socio-culturel Station Stendhal dans le 20e arrondissement, où nous sommes accueillis en résidence de création. Observer et travailler au cœur de la désobéissance civile, de l’engagement personnel et politique, toujours sur le seuil invisible entre paroles et passage à l’acte.
Teatro : Pouvez-vous nous parler de votre spectacle en quelques mots ?
Annika : A la sortie de sa performance de DragKing, le personnage « Tom » retrouve le calme de sa loge. Une voix off le renvoie aux galères quotidiennes de sa situation de ‘banlieusard’. « Tom » nous fait alors partager ses réflexions sur les inégalités sociales, les travers de l’urbanisme et l’élitisme culturel, pendant qu’il se change après son spectacle et poursuit sa transition d’homme en femme. Son parcours entre banlieue et grande ville, force et faiblesse, acte et parole, corps choisi et corps dicté, dedans et dehors, vient troubler notre compréhension de la norme et poser la question du choix individuel.
Teatro : Pourquoi Side in/side Out est une « expérience théâtrale » ?
Annika : J’avais envie de partir de deux niveaux bien distincts de la parole et de l’action qui à première vue n’ont aucun lien évident, et puis de les rapprocher successivement. Parce que pour moi les thèmes de la banlieue et du genre sont étroitement liés et renvoient à la thématique universelle présente dans toute société démocratique : le rapport entre l’individu et la structure sociale dans laquelle il vit, entre la norme et la marge. Il s’agit alors de donner comme une ombre décalée à ce qu’on voit et entend, de trouver des coïncidences et des correspondances entre les deux, pour ouvrir l’horizon de la perception. Nous ne voulons pas montrer quelque chose de fini, mais faire vivre un processus de construction de sens, progressif et forcément personnel. Nous proposons des points d’ancrage, mais la compréhension et la prise de conscience, partielles, furtives, glissantes, si elles doivent naître, se font dans l’assemblage de ces éléments donnés avec l’histoire personnelle de chacun. Le théâtre n’est jamais figé et reproductible, mais toujours scène du mouvement, de l’éphémère, de l’expérience unique.
Teatro : Est-ce que c’est un spectacle auto-biographique ?
Side in/side Out est étroitement lié à la vie de Tom, ses expériences, ses choix, son corps et son genre. Tom n’est pas acteur. Il est artiste-plasticien, écrivain et performeur. Dans sa vie et dans ses œuvres, qu’il crée à Tremblay-en-France en banlieue parisienne, il questionne depuis toujours la société et les normes. Le spectacle vacille et change de couleur en fonction du parcours particulier qu’il est en train de vivre. Pourtant, le personnage « Tom » n’est pas l’acteur Tom. Le personnage « Tom » n’est ni fictif, ni Tom, ni toi, ni moi. Mais il porte en lui un peu de nous tous. Parce que nous visons l’équilibre fragile et humain entre la vérité de Tom et l’ouverture à l’universalité. C’est une expérience théâtrale qui veut ouvrir des horizons et des débats, parce qu’il n’y a pas de réponse, il y a juste des échos, en chacun de nous, et que nous aimerions réveiller.
